Les ténèbres amoureux (2017)

A la lueur d’une bougie ils ont dansé

Dans l’ardeur ils ont rougit et se sont collés

Devant l’incandescence ils se sont touchés

Sans aucune défense, ils se sont caressés

 

Sur la musique « i see you » il lui a fredonné

Le romantique, les mots doux, il lui a avoué

Elle fut séduite par ces murmures

Face à cette  inédite monture

 

Deux corps se sont cachés sous les ombres

Les pores ont frissonné dans la pénombre

Ils se sont  échangés  «je t’aime»

Ils se sont  fait leur poème

 

Deux corps vigoureux se sont dévêtis

Sous la chaleur du feu ils se sont promis

De ne faire qu’un, toute la nuit

Jusqu’au matin, dans le lit

 

Deux corps langoureux se sont mélangés

Sous la sueur, les amoureux ont fusionnés

Ils aperçoivent la vie autrement

Ils conçoivent les envies avec engouement

 

J’avais pourtant fait des promesses

J’avais pourtant fermé ma jeunesse

De ne plus te voir

De ne plus te croire

 

Mais quand le désir se montre

Toutes les lois peuvent bien mourir de honte

Mais quand le plaisir abonde

Toutes les fois  peuvent bien sourire aux contes

 

Dans la démesure de mes sentiments

Dans la luxure de mes châtiments

Je ne vois qu’une personne parmi les flammes

Je ne vois qu’une démone, je suis sous son charme

 

Elle, si belle, est la nymphe du paradis perdu

Fille du ciel, si mince à l’anatomie menue

Elle sera ma proie, le trophée roi

Elle brûlera ma soie, étouffée de joie

 

Promise à devenir ma reine

Permise  à tenir mon harem

Elle allumera les cierges

Elle ne sera plus vierge

 

Elle me donnera un fils

Elle m’offrira ce sacrifice

Il grandira comme mon héritier

Il règnera sur le monde entier

 

Mais les dieux me l’ont prise

Mais les cieux m’ont volé l’éprise

Je suis solitaire sur mon royaume souillé

Je suis millénaire, un fantôme sans  sa moitié

 

Elle a dû oublier la couleur de mes pouvoirs

Elle a dû se résigner à la ferveur de son parloir

Je l’imagine libérée de mon joug, s’épanouissant

Je la dessine parée de bijoux, chantant

 

Nos chemins se sont croisés un soir

Nos destins ne sont plus liés à l’espoir

Elle a dû être lavée de tout pêché

Elle a dû être pardonnée de mes baisers

 

Elle porte en elle le fruit de nos entrailles

Elle borde en elle la vie sur son poitrail

Nous nous sommes mariés dans tous les océans

Nous nous sommes alliés devant les portes du temps

 

Je possède toujours ma bague à l’annulaire gauche

Cela m’obsède, amour vague  à  la crépusculaire débauche

Cela me nivèle par le bas, était-ce réel ?

Sans nouvelle de ses pas, serait-t-elle cruelle ?

 

L’enfant continu de grandir quand je suis tenu de mourir

Mon sang afflue à pourrir quand mon fils apprend à courir

Je pense m’être endormi  à une rêvasserie

Errance d’une féerie  à  ma mélancolie

 

La pluie sur mes terres ne cesse de couler

Les intempéries sur mon fer se pressent à le faire rouiller

Je suis une écriture dont la page est tournée

Je suis une aventure dont les sages ont racontés

 

J’appartiens aux archives du passé

Je fais partie des livres achevés

Ma progéniture  ignorera mon existence

Ma sépulture reposera sur l’absence

 

Ma race s’éteindra avec ma disparition

Ma trace s’effacera avec mon impression

On peut espérer que ma descendance marche sur mes empreintes

On peut souhaiter que ma semence parle de mes enceintes

 

Je m’assois maintenant sur le royal poussiéreux

Dans mon désarroi venant du sacral religieux

Je suis pourchassé au-delà de mes murs

Je suis expatrié, couvert de blessures

 

A mon hiver, vieux et sénile

A mon désert, lieu de l’exil

Je suis le guide des disparus

Je garde la pyramide des déchus

 

Sur ma route, voilà que je la retrouve

Dans le doute,  Je peux lui dire ce que j’éprouve

Aveuglé, je tâte les traits de son visage

Dans ma cécité, je constate la réalité de son âge

 

Dans les mémoires, on retiendra le nom d’un tyran

Dans les couloirs, on entendra les talons d’un itinérant

Rien ne peut empêcher un démon d’aimer la pureté

Rien ne peut s’opposer au dragon de se consumer pour sa dulcinée

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